A Dakar, des féministes de différentes générations se sont rencontrées pour discuter des aspects de leur militantisme aujourd'hui. Les plus jeunes se retrouvent autour de Fatou Sow et de Marie-Angélique Savané, engagées dans le mouvement feminin depuis plus de quarante ans, pour définir les défis actuels.
Car selon Mme Sow, les objectifs depuis l'avènement national, restent toujours d’actualité pour que les conditions d'existence de la femme sénégalaise s'améliorent. Le besoin d'autonomisation économique de la femme reste une priorité au Sénégal. Même si elles sont devenues omniprésentes dans l’économie informelle, le champ de l'emploi, de la formation et l'intégration au développement local sont fortement inégalitaires.
Elles aspirent à une meilleure reconnaissance du rôle politique des femmes et à accéder aux postes à responsabilité. D’autant que les victoires politiques acquises sont remises en question. Aida Sopi Niang remarque que la loi sur la parité est détournée. Depuis le vote de cette loi, on compte moins de femmes élues maires qu'avant. Celles-ci stagnent au rang de conseillères.
Elles remettent en question le code de la famille qui, en son temps, a constitué une révolution. Lorsqu’il a été promulgué en 1972, il accordait à la femme plus de droits qu’elle n’en avait eu jusque-là dans la coutume ou la religion. Aujourd’hui certaines dispositions sont dénoncées, comme celle énonçant que seul un homme peut être reconnu comme chef de famille, décidant de l'endroit où vit la famille. Elle ne correspond pas au mode vie urbain actuel.
Au moment de définir comment les féministes devraient s’affirmer aujourd’hui, les discussions s’enflamment. Féministes sans mais ni si, féministes contrariantes ou anarchistes pour d’autres. Féministes intellectuelles qui déconstruisent les stéréotypes. Féministes politiques qui veulent déconstruire un système patriarcal faisant office de système politique hétéronormatif.